"Toc, toc... C'est ouvert ?" (rp libre)

GGO... Si j'avais été longtemps absent sur le jeu ALO, c'était encore bien pire sur celui-ci. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de vouloir y retourner. Certes, aucune guilde ne m'y attendait, mais ma motivation était autre... Ce jeu avait aussi une grande portée sentimentale pour moi, sur un autre plan. Comment oublier que c'était sur ce même serveur que je l'y avais vu pour la première fois ? A la fois la raison de mon départ mais aussi celle de mon retour. Enfin je pense. Je n'en sais rien. J'ai du mal à y réfléchir concrètement. Tout ce que je sais, c'est que je suis à nouveau connecté.

Alors que l'écran s'initialise, je reconnais sans mal les rues de Glocken autour de moi. Rien d'étonnant. Je cherche à me rappeler la dernière fois que je suis venu mais j'ai du mal. Cela devait être en rapport avec le BoB je crois. Mais rien de sûr. Je vérifie vite fait mon inventaire et là j'ai un pincement au coeur. Elle est là. L'arme qu'elle m'avait crafté et amélioré. Comme un brusque rappel de ma situation. Et comme à chaque fois qu'un détail me la rappelle, je ne peux pas m'empêcher de replonger dans mes souvenirs et de me poser des questions.

Depuis notre dispute sur ALO à cause de son compte Cait Sith, la situation est devenue bizarre. Au début, j'étais trop en colère contre elle pour lui parler. Puis le temps a passé et ma fierté m'a empêché de faire un pas vers elle, jugeant qu'elle était fautive. Enfin c'est la honte qui a maintenu mon silence. Comment retourner la voir après tant de temps sans nouvelle ? Aucun message, rien. Etait-ce la fin ? Aucune idée, mais cela y ressemblait bien. Dire que je ne sais pas depuis combien de temps elle ne parle plus serait un mensonge. J'ai le compte exact en tête. Mais ça fait mal d'y penser.

Et pourtant me voilà, sur son jeu à elle, me demandant encore pourquoi j'étais là. Après tout, GGO me plaisait aussi pour son style de jeu très différent d'ALO. Bon, elle y jouait aussi un grand rôle, mais inutile de penser à ça. Gadriel était de retour pour tout reprendre à zéro !... même si je n'avais aucun intérêt à me débarrasser de son arme. Eh, c'est que je ne roulais pas sur l'or moi.

Je me mis donc à déambuler dans la ville pour trouver une occupation. Je pouvais éventuellement aller chasser du joueur. Ce serait ma première fois en solo mais j'avais de la confiance à revendre. Avant toutes choses, il me fallait des minutions. J'avais tout épuisé avec le BoB, c'est du moins ce que m'annonçait mon inventaire. En arrivant dans le quartier des revendeurs, je me mis à flâner pour trouver le meilleur équipement possible au plus bas prix bien entendu. Passant devant une énième boutique, mon attention fut attiré par des clients sortant avec beaucoup d'entrain tandis qu'ils exprimaient leur joie à voie haute.

- Y'a pas à dire, c'est bien le meilleur crafteur que je connaisse ! Avec ça, les PK n'ont qu'à bien se tenir !

Intrigué, j'entrais dans la boutique histoire d'y jeter un oeil par pure curiosité. Les prix étaient sans doute au-dessus de mon petit budget. La porte fit un petit son alors que je la poussais pour découvrir l'échoppe. La scène qui se déroula ensuite sembla passer au ralenti tant je fus... surpris ? apeuré ? dur à dire. A peine entré, mon regard fut attiré par la vendeuse, occupé à ranger quelque chose sur le comptoir. Je vis d'abord son dos, puis mon regard remonta vers ses cheveux.

Tiens, noir blanc et rouge, comme elle.

Puis elle commença à se retourner pour saluer son nouveau potentiel client.

Elle lui ressemble quand même beaucoup là

Elle acheva son mouvement, un grand sourire aux lèvres, me regardant droit dans les yeux. Je la vis alors perdre ce même sourire.

Oh merde.

- Hasu ?

Le friendly fire ? Sérieusement ? Après tout ce temps, la première chose à laquelle elle pensait c'était me coller une balle. Après c'était peut-être justifié. Si mes souvenirs étaient bons, c'était bien moi qui étais parti en premier après notre dispute sur ALO. Je lui en avais voulu, mais je n'arrivais même plus à comprendre pourquoi. Un faible sentiment de trahison idiot, qui m'avait coûté cher. Trop cher. Repensant à tout cela, je pris une décision. Fini la fierté mal placée, fini l'attitude idiot. Fini la tristesse.

- Tire-moi dessus alors. Je crois que je le mérite.

Inspirant un bon coup, je me lançais, conscient de tenter un quitte ou double.

- Je suis là par hasard Hasu. Mais je crois que je ne voudrais pas être ailleurs. Je pense à toi depuis l'instant où je suis parti. Je l'ai aussitôt regretté mais je n'ai pas eu le courage de revenir en arrière. Je m'excuse pour cette dispute. J'espère juste que ces excuses n'arrivent pas trop tard...

Lui parler ainsi, la revoir et être si proche d'elle, même virtuellement, me chamboulait complètement. Combien de fois avais-je refait le film de nos retrouvailles dans ma tête ?

- Je crois... non je sais que tu m'as manqué et que je ne voudrais qu'une chose, effacer ma bêtise. Mais c'est trop tard. Alors je peux juste être honnête avec toi et te dire que tu m'as manqué.

Plus je parlais et plus je me sentais bête. Un pauvre gars perdu, debout devant celle qui avait fait battre son coeur comme personne. Il avait vraiment été idiot. Je voyais mes chances se réduire à chaque mot que je prononçais. Inutile d'insister donc.

- Je n'ai pas de mots pour ça. Juste désolé.

Résigné, je me retournais pour quitter la boutique.

J'avoue qu'en me retournant pour quitter la boutique, je m'attendais à tout sauf à voir une arme me traverser le corps pour atterrir devant moi. L'originalité restait le maître mot d'Hasu apparemment.

Un peu hésitant sur la suite des événements, je me retournais lentement vers elle pour écouter ce qu'elle avait à me dire.

- Mais tu me fais quoi, s’exclama-t-elle alors, là ? Tu me dis « pardon, ouin, je voulais pas partir ! » et tu te barres ?

Okay, elle touchait un point important là. Je n'avais pas réfléchi à ça mais je ne voulais surtout pas m'imposer. Et puis la revoir de manière aussi inattendue m'avait un peu déboussolé aussi. Je me rappelais qu'elle était belle, mais même mes souvenirs n'étaient pas à la hauteur de la réalité. Et maintenant qu'elle prenait sa moue contrarié je craquais encore plus.

- J’attendais juste un signe de vie, depuis tout ce temps, et maintenant tu t’en vas encore ?

Mais moi aussi je n'attendais que ça ! Rien qu'un petit message, un seul et je serais revenu aussitôt vers elle. Je ne demandais que cela, être à ses côtés. En comprenant que je venais de perdre tant de temps à cause d'une incompréhension, je ne pus résister.

- Hasu, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. Alors même si je suis le plus grand des imbéciles, je reste un imbécile qui tient à toi plus que tout. Quand on pense à une personne non-stop, je crois qu'on est en droit d'affirmer ça.

Rassuré et plein d'espoir, je ne résistais pas à l'envie de me rapprocher d'elle. Je m’arrêtais quand même à une distance raisonnable. Même si le friendly fire n'existait pas, rien ne m'assurait qu'elle n'essayerait pas de me sauter dessus avec un couteau cette fois-ci, juste pour s'assurer qu'elle ne pouvait pas m'atteindre.

- Je ne compte plus partir Hasu.

Bon sang, être si près d'elle me donnais envie de la prendre dans ses bras, comme autrefois. N'y tenant plus, je fis encore un pas dans sa direction, comme une invitation.

- Hasu. Tu es belle. Et tu m'as manqué, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit.

- Tu... tu le penses vraiment ?

Une autre facette d'Hasu. Derrière la redoutable PK de GGO se trouvait la fille qui m'avait fait craquer. Et le petit pas qu'elle avait fait dans ma direction l'air de rien ne m'avait pas échappé. Clairement, il s'agissait là d'une invitation.

Faisant le dernier pas pour combler l'espace restant entre nous, je me retrouvais nez à nez avec elle.

- A ton avis ? lui répondis-je alors avant de l'embrasser sans pouvoir lui laisser le temps de répondre.

Ce baiser fut..... étrange. Il ne faut pas oublier que nous étions sur un jeu en ligne. La sensation n'avait rien à voir avec la réalité et physiquement je ne ressentis pas grand-chose. Cependant, ce fut aussi très important pour moi également. Les souvenirs de cette après-midi chez moi me revinrent et l'envie de revoir Hasu dans le monde réel gonfla encore. Cette fille me rendait dingue.

Après quelques secondes, je pris le risque de m'écarter d'elle pour analyser sa réaction. Je n'avais encore reçu aucun coup de couteau ni aucune balle dans la tête, ce qui était plutôt bon signe... Non ?

Toujours cette même moue. Craquante mais aussi un peu dangereuse. Je ne savais jamais ce qu'elle avait derrière la tête quand elle faisait cette tête. Elle pouvait tout autant avoir envie de m'embrasser que de me coller au grenade au fond de la gorge.

Cependant, je fus fixé en remarquant le bord de ses lèvres se redresser légèrement. Ainsi elle se retenait de sourire. J'étais sauvé pour l'instant. Et incroyablement heureux de ce changement de situation. Je retrouvais ma Hasu.

- Mmh… Tu voulais une arme pour venir ici ? Je peux t’en montrer, si tu veux…

Autant être honnête avec elle. Plus question de la perdre. Et inutile de prolonger cette situation gênante aussi. Elle semblait m'avoir pardonné pour l'instant, mais pas sûr qu'elle accepte de me reprendre aussi facilement. J'allais devoir redoubler d'efforts.

- Je cherchais surtout des munitions top niveau pour aller avec mon arme. Celle que tu m'as crafté en fait. Jamais je ne m'en serais séparée.

Ce n'était pas mentir que de reconnaître qu'Hasu avait un talent pour la création d'arme. Il avait des stats super bonnes grâce à l'arme malgré son faible niveau.

- Par contre, je ne serais pas contre un peu de compagnie et d'aide. Je ne suis qu'un apprenti PK après tout... Même si j'avais un bon mentor, je crois bien que j'ai loupé quelques leçons.

- Eh bien… Des munitions, j’en ai. Beaucoup. Surtout pour toi !

Pour moi ? Je ne rêvais pas où Hasu venait de me traiter comme une personne privilégiée ? Peut-être même une personne qui pouvait encore avoir une place dans son coeur... Je savais bien que l'espoir peut faire plus de mal que de bien mais j'avais vraiment du mal à le retenir cette fois-ci, vu tous les signes encourageants que je pensais percevoir. Mais en même temps, Hasu ne semblait pas prête à se laisser complètement aller, comme autrefois.

Elle continua en essayant de se rattraper pendant que je sentais mon coeur battre à cent à l'heure tant je me sentais anxieux. La fille sur qui je craquais se trouvait face à moi en train de sourire et presque de rougir.

- Pourquoi tu n’en achèterais pas pour ensuite aller les essayer ? Je viendrai avec toi, pour voir si elles fonctionnent bien...

Une invitation pour répondre à mon invitation. La situation devenait de plus en plus stressante pour moi. Rien n'était gagné et tout restait à faire. N'y tenant plus, je pris le risque de dévoiler mon jeu et de lui dire clairement ce que je pensais, sans chercher à faire de sous-entendus ou invitation cachée. Il était temps de lui montrer à quel point je tenais à elle. Si jamais le fait de l'avoir embrassé ne lui avait pas suffi, peut-être que mes mots la toucheraient plus.

- Je suis prêt à t'acheter tout ton stock si tu acceptes d'être avec moi Hasu. Je serais prêt à tout pour que tu me donnes une seconde chance.

Voilà, plus de retour en arrière possible.

- Je...

La détermination ne m'empêcha pas de marquer un petit temps d'arrêt. Et si je me trompais ? Et si elle voulait juste se montrer aimable avec moi et ne pas me rembarrer ?

- Oh ras-le-bol de tourner autour du pot. Hasu.

Je pris sa tête entre mes mains afin de planter mon regard dans ses yeux. Une dernière inspiration. Et le grand saut.

- Je t'aime.

Ma déclaration provoqua un petit blanc entre nous. Cet instant ne dura certes pas longtemps mais j'eu tout le loisir de me traiter d'imbécile en interprétant très négativement ce silence. Puis Hasu se mit à réagir.

- Mais moi aussi ! Ne dis pas ça comme ça ! Je le sais !

Bien que son premier réflexe fut de s'écarter de moi, je vis sans problème son visage virer au rouge, malgré sa faible tentative de le cacher dans ses mains. Et je pus respirer plus librement, arrêter d'être tendu comme la corde d'un arc prête à rompre sous la pression. Je faisais encore de l'effet à Hasu. Et ça, c'était clairement la meilleure des nouvelles. Quand on se moque d'une personne, on y est indifférente n'est-ce pas ?
Et puis accessoirement, elle venait de me dire qu'elle m'aimait ! Et là, pas besoin d'interpréter, la réponse était claire. Bon sang, quelle belle journée !

Tout heureux de ce qu'elle venait de dire, je pus enfin me détendre et apprécier le moment, surtout en voyant Hasu dans tous ses états, agitant les mains dans tous les sens.

- Arrête avec tes trucs romantiques ! Allons plutôt faire nos vaches dehors et faire nos PK. En plus, me dire ça devant des joueurs ! Pour qui je passe moi ? Aah ! Ne fais plus jamais ça !

Hasu, ma petite copine. Je pouvais à nouveau l'affirmer. Je ne pus m'empêcher de sourire comme un imbécile devant sa réaction. Cela faisait tellement de bien de la retrouver. Nous étions certes très différents l'un de l'autre mais surtout incroyablement complémentaires. Elle savait apporter la petite touche de folie nécessaire pour rendre chaque aventure unique.

- Je ne m'en fais pas pour ta réputation. Il te suffira d'aller tuer quelques joueurs et de les dévaliser honteusement pour que tout le monde se rappelle qu'on ne rigole pas avec Heavne. Mais tu ne pourras pas m'empêcher d'être romantique, c'est automatique quand tu es avec moi. Je crois qu'on appelle ça l'amour.

Bon sang ce que je devais avoir l'air niais avec mon grand sourire. Mais il fallait me comprendre, je n'étais pas forcément préparé à retrouver ce qui me manquait le plus depuis des mois en me levant ce matin.

- Bon, maintenant que les choses sont claires entre nous, que dirais-tu d'aller reformer notre équipe de PK ma petite chérie ?

L'utilisation de ce surnom était clairement une provocation. Comment allait réagir ma chère terrible PK face à tant d'amour ? J'en souriais par avance.
Puis je me rendis compte de ma boulette. Si je mettais Hasu mal à l'aise devant tout le monde, sûr qu'elle allait me le faire payer. Et j'avais besoin de ses munitions... Bon sang, je pouvais dire adieu à mes golds...