Jeu IRL (ft. Gadriel)

Hasu était rouge comme une tomate. Pourquoi ? Il lui avait juste posé une simple question... Oh non. Elle l'avait interprété de cette façon ? C'était horriblement gênant... Bon, il adorait l'embrasser mais là... Maintenant il devait aussi rouge que Hasu. Ils formaient un beau couple de tomate.

-E-euh... mmh... disons... à manger ?

Manger ? Parfait ! Il pouvait lui accorder ça sans problème. Oui, à manger c'était super pour le moment? après l'effort, le réconfort.

- Suis moi alors, je vais te montrer "la cuisine".

Remontant à l'étage, Enrick guida Hasu jusqu'à l'autre bout de la maison. Une fois arrivé dans "la cuisine", il lui dit :

- Fais toi plaisir !

Cette cuisine était trop grande, comme tout dans cette maison. Le frigo était immense, le comptoir surdimensionné et même la cafetière ressemblait plus à une machine du diable qu'à quelque chose capable de faire du café normal. Le plus ironique restait quand même que la plupart du temps, cette cuisine n'était même pas utilisée puisqu'ils commandaient leurs repas chez le traiteur...

-Si j'avais une cuisine comme ça, jamais je n'oserais faire à manger ! Ou bien j'aurais la flemme de tout traverser pour préparer un encas.

Elle avait compris son problème majeur dans cette maison apparemment. C'était tellement grand qu'il n'avait parfois même pas le courage d'aller d'un endroit à un autre. Alors il restait dans sa chambre ou passait du temps à l'extérieur. C'était mieux que ce palace. Il avait d'ailleurs repéré un café sympa à côté de l'école des survivants et s'était promis d'aller y jeter un coup d’œil.

- Tu ne crois pas si bien dire. C'est presque un musée ici puisqu'on commande nos plats la plupart du temps, quand on ne mange dans un de ces restaurants gastronomiques à la françaises.

Il détestait ces restaurants. C'était bizarre et il n'y avait quasiment rien à manger. Il préférait une bonne assiette bien garnie pour une centaine de yens plutôt qu'une feuille de salade posé sur un morceau microscopique de viande.

- Quel est ton plat préféré ?

Lui nul en cuisine ? Non, il avait déjà fait des pâtes ! Et fait réchauffer des nems.

-Je dirai bien les sashimi, mais tu n'as apparemment pas l'habitude des encas japonais ?

Ça se voyait tant que ça ? Il savait à peine cuisiner des plats européens alors japonais... Il séchait un peu là.  

- Tu n'as peut-être pas tord... Je ne saurai même pas te dire si il y a ce qu'il faut ici pour en faire.

Grande cuisine, grands rangements, mais il n'en connaissait qu'un dixième, et encore. Manger ne semblant pas une si bonne idée que ça finalement. Mais bon, c'était ce que Hasu avait voulu. Il se sentait totalement perdu et idiot au milieu de cette de sa maison. Le seul point positif était la présence de sa copine à ses côtés. Au moins ils passaient du temps ensemble. Et puis, il apprenait à la connaître peu à peu. C'était pas mal pour un couple non ?

-On commande des takoyaki ?

Des takoyaki ? C'était quoi ? ce nom lui disait vaguement quelques chose et ses connaissances sur la gastronomie japonaise étaient trop pauvres pour qu'il arrive à s'en rappeler...

-J'ai un autre défi pour toi. Il y aura six boules takoyaki, mais l'une d'entre elles est remplie de wasabi. Ca te tente ?

Ouh, un défi. Ça devenait intéressant. Vraiment. Bon, si il perdait et tombait sur le wasabi, il allait amèrement le regretter. Mais si c'était Hasu qui perdait, ce serait tellement hilarant. Et ça briserait enfin un peu la gêne qu'il y avait entre eux depuis le début de leur rendez-vous.

- Tope-là ! Mais c'est moi qui paye et ce n'est pas négociable. C'est le prix de ta victoire n'oublie pas.

Hasu ne serait sans doute pas d'accord. Mais il y tenait ! Son compte en banque était bien assez fourni grâce à ses parents pour qu'il puisse se permettre de payer quelques takoyaki.

Bizarre, elle n'avait pas protesté et s'était juste dépêché de valider sa commande.

-On va dire que c'était gratuit, d'accord ?

Cette phrase avec un grand sourire innocent ? Elle avait payé ! Elle n'avait pas le droit, elle était son invitée... Mais comment en vouloir à un tel sourire ? A chaque fois qu'elle le lui faisait, Enrick se sentait littéralement fondre. Elle était vraiment belle comme fille. Mais elle l'avait dupé ! Mais elle restait quand même belle... Rah, cruel dilemme !

- Je me rattraperai ne t'en fais pas, lui répondit-il avec un sourire énigmatique. Une idée lui venait déjà à l'esprit d'ailleurs.

Bon en attendant, ils avaient du temps avant que la commande n'arrive. Et Hasu n'avait pas eu de récompense pour sa "victoire" (pas totalement juste d'ailleurs) de tout à l'heure.

- Je te dois toujours un prix n'empêche... Et ne me dis pas que ce sont les takoyaki puisque c'est toi qui payes.

-Alors, dans ces cas-là, ma récompense, c'était de... mmh... de ne pas te faire payer les takoyaki !

Il n'y avait pas à dire, elle avait de la suite dans les idées...et ça lui plaisait ! Bon, il s'était fait avoir et en beauté.

-Voilà, comme ça on est quittes !

Oh non, ils n'étaient pas quittes. Mais pourquoi le lui dire ? Il savait déjà comment riposter et il devait passer quelque part pour mettre son idée en pratique. Heureusement, le coup de sonnette lui sauva la mise et ne l'obligea pas à répondre. Leurs livreurs étaient vachement rapide non ?

Enrick alla chercher la commande (déjà payée grr) et revint dans la cuisine où Hasu l'attendait. Elle était décidément trop grande et trop froide pour y passer un rendez-vous galant...

- On retourne dans ma chambre ?

-Mais sinon, pour pas salir, on peut toujours aller dans le salon !

Elle avait peur de retourner dans sa chambre ? Mais pourquoi ? Il voulait juste un lieu sympathique et... Oh merde. Il avait encore fait une proposition à plusieurs interprétation possible... Il fallait vraiment qu'il arrête ! A force, elle allait finir par croire qu'il l'avait invité chez lui juste pour guetter la première occasion de lui sauter.

Mais le salon c'était très bien aussi ! Avec ses canapés, ses fauteuils et sa cheminée, cette pièce semblait un peu plus vivante. Il fallait juste espérer que Hasu ne fouine pas trop et n'ai pas l'idée d'aller voir les photos qui y traînaient... Certes il était petit dessus, mais certaines étaient assez compromettantes. Enfin, pour lui.

- Bonne idée ! Suis moi.

Et il s'improvisa encore guide de sa maison pour les emmener tous deux dans le salon. Là, ils s'assirent dans le plus grand des canapés, la boîte takoyaki entre eux. Six boulettes, une piégée. C'était comme de jouer à la roulette russe, mais en version améliorée.

- En vrai gentleman, je laisse l'honneur de commencer à mademoiselle, lui dit-il avec un grand sourire innocent. Lui aussi pouvait retourner cette arme contre Hasu.

-Choisis le mauvais pour moi, s'il te plaît. Tu dois être trooop mignon avec du wasabi dans la bouche !

Elle était vraiment mesquine... Du wasabi quoi ! C'était pas bon ce truc, alors une boulette remplie de cette mixture du diable... non vraiment, il ne voulait pas la manger.

Choisissant une boulette au hasard, il mordit dedans avec appréhension.. C'était plutôt bon, et surtout sans wasabi !

- Ahaha, à tua !

Oui, il n'avait même pas avalé. Mais il était tellement soulagé. Maintenant, il priait pour que Hasu morde dans la boulette piégée. Ce serait tellement amusant ! Surtout qu'elle ne savait même pas où se trouvait la bonne eau salvatrice et bien fraîche.

-Enfin... je voulais pas te dégoûter de manger, oublie le coup du sceau. Mais je veux bien de l'eau !

Où était l'eau ? Mais à sa place habituelle voyons ! Ah mais était-il bête ? Hasu ne pouvait pas le savoir, c'était la première fois qu'elle venait ici... Et cette maison était si grande, que le temps qu'elle la trouve il serait trop tard et elle aurait déjà perdu son palet. Enrick en arriva même à se faire la réflexion que ce serait génial si un jour Hasu devenait tellement à l'aise dans sa maison qu'elle ne lui poserait plus ce genre de question. Cela voudrait dire qu'elle la connaîtrait pour y être venu souvent... Le rêve !

Bon en attendant, c'était son tour de choisir. Déjà trois boulettes en moins, le choix devenait mince. Croisant les doigts, il choisit au hasard l'une des dernières boulettes, la portant doucement à sa bouche et la goba... Hum, c'était bo.... WHAAAAAAAAAAAA ! C'était horrible ! Enrick avait la bouche en feu !

Se levant d'un bond, il courut jusqu'à la cuisine et sortit une bouteille d'eau bien fraîche du frigo (eh oui, ils en avaient toujours une au frais) et but à grandes gorgées. Il avait fallu que ça tombe sur lui... Hasu allait bien se payer sa tête mais surtout... le feu qui brûlait dans sa bouche ne voulait pas s'éteindre !!

Ah mais attendez ! Enrick se rappela une histoire de grand-père sur les piments et un conseil qui allait avec. Ne pas boire de l'eau, mais manger du pain pour atténuer la sensation. Lâchant la bouteille, Enrick fouilla la cuisine et finit pas dénicher un morceau de pain qu'il fourra aussitôt dans sa bouche, quitte à s'étouffer !

Et c'est ainsi que Hasu le trouva, la figure rouge et la bouche pleine de pain à craquer. Le romantisme à l'état pur dites-vous ? Sans aucun doute !

Qu'est ce qu'il était bon ce pain. Un pur soulagement contre le feu que la wasabi avait allumé dans sa bouche.

-Ça va ?

Il avait la gorge en feu, les yeux larmoyants et la bouche pleine de pain alors non, ça n'a....

Ah bah si, ça allait bien là. Super bien même dans les bras de Hasu. Un gros câlin, bien chaleureux, c'était un remède à tout ça. La sorte de gêne qui s'était installée entre eux au début de leur rendez-vous semblait avoir disparue et c'était plus qu'agréable. Bon, il avait dû souffrir pour en arriver là, mais le jeu en valait la chandelle.

Avalant le pain qui restait d'une traite, Enrick répondit au câlin de Hasu et mettant à ses tours ses bras autour de sa taille. Il déposa un rapide baiser sur sa bouche avant de répondre.

- Ça va beaucoup mieux là.

Il aurait pu rester comme ça toute la journée. Un simple câlin, rien de plus. Mais c'était déjà tellement en même temps... Voilà qu'il se mettait à philosopher ! Certes de la philosophie au rabais mais quand même. Cette fille lui faisait vraiment perdre la tête, surtout là avec son regard plongé dans ses yeux.

Cette cuisine semblait toujours aussi disproportionnée à Enrick , mais maintenant que Hasu était dans ses bras, il s'en moquait éperdument. Il aurait pu rester comme ça, dans ses bras, pendant encore longtemps. Mais ce programme ne semblait pas au goût de sa petite amie.

-Tu voulais aller dans ta chambre ? Non pas que j'aime pas trop rester plantée au milieu d'une cuisine, mais bon... Je pense que ce sera mieux. Et sans wasabi !

- Avec un peu de pain sous la main, c'est bon le wasabi.

Oui, il faisait le malin. Il ne toucherait plus jamais à du wasabi s'il avait le choix et il avait douillé avec cette boulette. Mais maintenant qu'il avait mangé son pain, il pouvait bien en rire non ?

Prenant Hasu par la main, il monta l'escalier et se dirigea vers sa chambre. Une fois arrivé dans cette dernière, il lâcha Hasu et partit s'asseoir sur sa chaise de bureau.

- Que veux tu faire maintenant ?

-Ce que je veux faire ? Hm... à vrai dire j'en sais trop rien. C'est chez toi, c'est à toi de savoir ce qu'on peut faire, moi j'en sais rien.

Savoir quoi faire ? La plupart du temps, il jouait aux VRMMO ou lisait lorsqu'il était chez lui. Mais il n'allait pas faire ça avec Hasu quand même ! Il n'y aurait alors aucun intérêt à être ensemble dans la même pièce.

Jetant un coup d’œil rapide à sa chambre, Enrick fit une liste rapide des occupations possible. Donc VRMMO non, livres non, musique ? Non, il ne connaissait même pas ses goûts musicaux en plus... Et puis, actuellement ce qui l'intéressait le plus dans sa chambre et attirait sans cesse son regard, c'était bien cette magnifique fille planté à l'entrée, en train d'attendre une décision de sa part. Il n'avait qu'un envie, c'était d'avoir un autre câlin de sa part. Juste un câlin, tout simple, comme dans la cuisine quelques instants plus tôt.

Enrick invita donc Hasu à venir s’asseoir en tendant ses bras vers elle.

- Il paraît que les câlins aident à réfléchir d'après une étude allemande.

C'était faux bien entendu. Et en plus c'était une excuse bidon. Il n'avait trouvé que ça sur le moment en fait. On comprenait quand même l'idée générale non ?

Avoir Hasu dans ses bras était vraiment génial. S'il le pouvait, il l'empêcherait de partir.

-Ils ont vraiment que ça à faire, les allemands. Tu es venu au Japon pour nous en faire part ?

- Eh bien figure toi que je suis ici incognito pour tester nos savantes découvertes sur les Japonais, répondit-il d'un air de conspirateur.

En réalité il se moquait bien des travaux effectués par les scientifiques allemands. Cela faisait si longtemps qu'il avait quitté son pays natal... Certes il y retournait de temps en temps pour rendre visite à son grand père mais c'était très différent. Il ne se sentait pas totalement Japonais mais n'avait plus assez de liens avec l'Allemagne pour se sentir encore Allemand. Il détestait cette sensation mais il n'en avait jamais parlé à personne.

En repensant à toutes ces pensées moroses, un air nostalgique avait dû se peindre sur son visage. Et il ne voulait pas que Hasu le voit déprimé, surtout oour leur premier rendez-vous !

Tout en mettant de côté ses idées noires, il fit un grand sourire charmeur à sa copine et lui dit :

- En réalité, c'est le destin qui m'a amené au Japon.